STRATEGEEK

Le blog sur l'actualité du wargame sur table

Kawaguchi’s Gamble : Edson’s Ridge

kawaguchi-s-gamble-edson-s-ridge[2]

Si vous lisez ce blog régulièrement, vous avez peut-être remarqué qu’il y a un type de wargames que j’affectionne particulièrement : les jeux à zones. J’ai déjà présenté ici quelques simulations de ce type (Battleaxe et Storm over Dien Bien Phu), et aussi dit combien j’apprécie leur vénérable ancêtre à tous, Storm over Arnhem (SoA).

Or donc, vient de naître chez MMP un autre petit frère à cette noble lignée : « Kawaguchi’s Gamble : Edson’s Ridge.» Les principes généraux reprennent ceux que j’ai déjà expliqués dans les deux excellentissimes articles mentionnés ci-dessus, que je vous invite à lire (que dis-je ?… A dévorer !). Néanmoins, Kawaguchi’s Gamble (« Kawa, » de son petit nom) présente quelques innovations bien à lui, qui méritent que je lui consacre ces quelques lignes.

J’avais remarqué l’apparition de Kawa sur le site de MMP il y a déjà quelques mois. Aussitôt attiré, je pris ma plume, la trempai dans un peu d’AngloBif (prenez ceci au sens figuré, SVP) et écrivis à MMP pour avoir quelques infos supplémentaires, que je pourrais livrer à nos lecteurs passionnés et dépensiers. Je me figurai que l’évocation de notre célébrissime blog allait nous valoir les remerciements de MMP… Hum… Je fus donc un peu déçu du silence intersidéral qui suivit… Bah, pas rancunier pour autant, j’attendis sagement la sortie du jeu pour en savoir un peu plus. Je leur ai même pardonné leur offense (comme ils m’ont pardonné aussi de mon outrecuidance) en achetant moi-même le jeu de mon argent personnel qu’il est à moi durement gagné !

Qu’est-ce donc qui rend ce jeu attirant ? D’abord évidemment, le fait qu’il soit le énième rejeton du remarquable étalon reproducteur que fut SoA. Mais aussi le fait que c’est la première fois à ma connaissance que cette série quitte l’Europe pour se rendre dans le Pacifique (du moins pendant la seconde GM). Les plus futés le supputaient déjà, car  le nom « Kawaguchi » a indéniablement un parfum niaqu…. oups, pardon… japonais.  Mais ayant aperçu Maxime dans l’assistance, j’ai préféré préciser, vous ne m’en voudrez pas !

En fait de précision, je dois également ajouter que la bataille simulée ici se passe à Guadalcanal. En 1942, Les Japonais en grande forme occupent donc Guadalcanal, une petite île pas très loin de l’Australie. Les Américains, décidés à reprendre la place pour en faire une de leur future base pour la reconquête, y débarquent le 7 Août 1942. S’ensuivent une palanquée de bastons : 3 batailles terrestres d’envergure, 7 batailles navales et des affrontements aériens pratiquement continus. Un des objectifs majeurs de cette impressionnante série d’affrontements fut l’aérodrome Henderson’s Field, dont les Niaq… Nippons, tentèrent maintes fois de s’emparer. Après 6 mois d’une lutte intense, les Japs abandonnèrent et cessèrent leurs efforts. Ils évacuèrent alors ce qui leur restait de troupes et quittèrent Guadalcanal pour de bon. Cette bataille marqua le tournant de la guerre du Pacifique, puisqu’à partir de ce moment, ce furent les Alliés qui prirent le dessus d’une façon continue…

L’épisode qui nous concerne dans le jeu est une bataille terrestre. En l’occurrence, l’une des multiples tentatives des faces de citron (euh, pardon – mais les lecteurs de Buck Dany ne m’en veulent pas, j’en suis certain- je voulais dire des Japonais, bien sûr), pour essayer de reprendre Henderson’s Field. De fait, l’échelle est tactique, 1 cm équivaut en gros à 80 mètres. Les pions représentent essentiellement des sections d’infanterie, plus rarement des compagnies. On trouve aussi quelques leaders, 2 pions d’artillerie (1 Jap, 1 Ricain) et bien sûr divers marqueurs.

KGER-map-web revised[1]

La carte est plutôt pas mal, mais les aides de jeu imprimées sont parfois mal pensées…

Le système est très clairement inspiré de celui de Breakout Normandy (BKN). On retrouve beaucoup des règles créées pour ce jeu, en plus de celles communes à tous les jeux à zones. Parlons d’abord rapidement de celles-ci. Donc, comme d’hab, on retrouve nos zones, nos impulses au cours desquels un joueur ne peut activer qu’une seule zone (que ce soit pour le mouvement ou le combat), notre pion Avantage que son possesseur peut utiliser pour divers emplois… avantageux, nos points de pertes que seuls les défenseurs doivent encaisser, etc… A nouveau, si vous désirez en savoir plus sur le fonctionnement de ce type de jeu, je vous renvoie vers les articles déjà parus sur notre blog.

Ca, c’est la base, l’ADN de SoA. Le gène BKN se retrouve dans quelques éléments, par exemple la phase « Refit. » Lors de cette phase, les joueurs peuvent retaper leurs unités endommagées. Les Japs pourront « refitter » tout le monde, les Américains seront eux davantage limités. L’emploi des ponts, compréhensible vue l’échelle, rappelle aussi BKN. Seules 5 unités peuvent traverser un pont lors d’un impulse. Emprunter un pont tenu par l’adversaire déclenche aussi un assaut obligatoire plus dangereux. Enfin, il est possible de capturer ces ponts. Comme dans BKN, les unités peuvent être fraîches, utilisées (Spent), fatiguées (Disrupt 1) voire épuisées (Disrupt 2). Les attaques sont aussi plus risquées que dans SoA, car dans Kawa, une attaque ratée fait très mal aux attaquants. Enfin, on retrouve aussi une phase « Regroup, » qui permet, après le tour d’impulses alternés, de déplacer ses forces vers une zone amie adjacente.

MMP-Kawaguchi-2-large[1]

The Japanese ranks begin to thin[1]

Les pions sont assez réussis, également…

Pour le moment donc, rien de bien nouveau pour qui connaît SoA et BKN (comme moi !). Mais alors, comment diable se fait-il que le livret de règles soit si copieux (19 pages, sur un total de 24 si l’on compte les exemples, l’index et le glossaire) ?

Ben, c’est qu’en fait, il y a quand même pas mal de nouveautés. D’abord, toutes les unités peuvent se déplacer/combattre, même celles qui sont déjà Spent ou Disrupt1. Leur niveau de fatigue va juste augmenter d’un cran (sauf pour les Disrupt 2, qui ne peuvent que se défendre). On découvre également des charges Banzai (qui permettent de retaper des unités, leur procurent un déplacement accru, mais présentent de sérieux risques pour l’attaquant) et des attaques au gaz. On a le droit aussi au retour des corps à corps, les pions s’attaquant individuellement. Il s’agit là d’un type de combat que je n’avais plus vu depuis Thunder At Cassino. Il y a aussi 2 « Ammo Track, » celui du Jap va permettre de déterminer la durée du tour, et celui du Yankee sa capacité de Refit. Il y a enfin diverses autres règles (par exemple, pour 1 dépôt de munition qui peut servir aux Japs, pour l’artillerie hors carte, pour les leaders en général et certains en particulier, pour les renforts…), mais je m’en voudrais de tout révéler, et gâcher ainsi votre plaisir…

The Japanese take the hilltop[1]

Bref, pas mal de choses !

Je n’ai pas encore sorti la bestiole de sa cage pour la jouer. J’avoue être moyennement impressionné à la lecture de ces règles, malgré le parti-pris positif que j’ai pour ce type de wargames. La raison ? Ben, la complexité apparente de l’ensemble. Le jeu ne me paraît pas si facile, alors même que je connais déjà beaucoup de ses éléments. La faute à une quantité non négligeable de petits ajouts et de procédures assez compliquées. Je doute un peu de l’utilité de tant d’éléments pour ce qui apparaît quand même être un « petit » jeu. Il n’y a, après tout, que 35 zones sur la carte, et les forces en présence se limitent à 54 unités américaines contre 56 japonaises. Je m’attendais, et j’espérais, quelque chose de plus léger, un truc que l’on peut avaler et digérer en quelques heures. Mettons, un peu du genre de Storm over Stalingrad, ou SoA lui-même. Et là, je suis un peu dubitatif…

Alors, cette première impression est-elle justifiée, ou le jeu est-il digne de ses ancêtres ? Vous en saurez plus lorsque je vous raconterai la grosse raclée que je compte mettre à BugDany, car je n’envisage que la VICTOIRE ! Il va également sans dire que si je me prends une tôle, vous n’en saurez jamais rien…

Allez, à +

Uphilit

7 commentaires sur “Kawaguchi’s Gamble : Edson’s Ridge

  1. bugdany
    juin 10, 2015

    Or donc…sans dec, on avait pas vu cette tournure de phrase depuis…Tolkien, c’est dire ! Ca me rappelle une bonne note au collège pour l’avoir placée celle-là 🙂
    Bon il va de soit qu’en tant que grand fan de Buck Danny (euh le rapport avec mon pseudo ?) je relève le défi !!! Je sens que Mister Games Workshop va retourner a ses figurines :p Bon ok, il m’a mis quelques tôles à Up Front! Cet article me donnerait presque envie de l’acheter, évidemment uniquement si je gagne à la partie que nous allons certainement faire sous peu…

    • uphilit
      juin 23, 2015

      Ah les rodomontades !!! J’me marre… Maintenant que t’as goûté à mes Japs, j’suis pas sûr que t’en redemandes… Si ? Ah bon… Alors sort ton outil scripteur (j’vais traduire pour toi Bug : ton crayon !), notre prochaine baston donnera lieu à un CR pas piqué des hannetons…

  2. François
    juin 26, 2015

    Bonjour, Je viens de découvrir votre blog qui est très intéressant et bien présenté. Bravo. Par rapport à Kawaguchi’s Gamble, Il est clair que la complexité des règles de certains wargames de table sont parfois repoussantes. J’ai dans mes placards, des jeux auxquels je n’ai jamais joué car prise de tête à la lecture des règles. Passionné de jeux de stratégie et de wargames, j’ai créé une ligne de jeux rapides et très accessibles que je compte commercialiser (prise en main 15mn, durée de jeu 45mn, wargame antiquité, seconde GM pour le moment). Ma motivation de base était de pouvoir jouer à des wargames avec mon fils de 10 ans… je privilégie donc le fun et le digeste au profit d’une simulation trop lourde. Je crée des jeux de plateau depuis belle lurette et j’en ai déjà commercialisé de part le passé. Alors pourquoi pas me relancer dans l’édition ? Je vous invite a découvrir mes wargames et l’avis de connaisseurs m’intéresse fortement vous vous en doutez 😉
    fbgames.over-blog.com

    • uphilit
      juin 26, 2015

      Salut François, merci pour ton feedback sympa… Si on revient sur Kawaguchi, en réalité le jeu n’est pas très compliqué, c’est plutôt que son degré de complexité me paraissait trop élevé pour ce qui semblait être un jeu léger. Après une première partie-test avec BugDany, l’ensemble paraît finalement relativement simple (et très prenant)… Concernant tes productions, l’idée directrice est évidemment très bonne, et le marché potentiel est à mon avis important. A titre d’exemple, le jeu W1815 (format similaire à ce que tu recherches) a reçu un très bon accueil ! Nous irons bien sûr regarder tes productions (au fait, qu’as tu commercialisé dans le passé ?) pour te donner notre avis de simples amateurs, et invitons naturellement nos lecteurs à faire de même…

  3. François
    juin 29, 2015

    J’ai créé et commercialisé des jeux de plateau sous le label Unicorn. Il y a 20 ans : Symbioz, un jeu de stratégie bien décalé et sans hasard et « Guerre & Frontières » un jeu de plateau (ambiance médiévale fantastique). J’ai aussi créé le jeu Gnomwars il y a 16 ans édité par Tilsit qui n’a pas marché car pas suffisamment testé et trop vite édité 😦 … erreur de jeunesse.
    Cette année va paraitre chez Edge, mon jeu « Ages of Men » qui est un jeu de carte de développement de civilisations allant de l’âge de pierre au moyen âge. j’en suis particulièrement fier ^^. J’espère qu’il aura un bon accueil des joueurs. Ce n’est pas un wargame évidemment, mais il y a de la baston.
    Depuis quelques mois, je suis revenu à mes amours d’entant avec les wargames. Mais je suis allergique désormais aux pions arborant des symbols de l’Otan, aux livrets de règles de plus de 50 pages et aux parties qui dépassent la durée d’un film ;)… ce doit être l’âge 😉
    Je peaufine mes jeux de façon à ne pas dépasser ce temps de jeu et en essayant de rester riche en possibilités de jeu mais simple dans le fonctionnement et la prise en main. Merci pour ta réponse. Je vais de ce pas lire ton article sur W1815 🙂

    • uphilit
      juin 29, 2015

      Joli parcours ! Sans avoir pratiqué tes jeux, je me souviens parfaitement de Guerre & Frontières… Je serai maintenant curieux de voir Ages of Men. Je ne sais pas s’il sera digne d’être mentionné, ou même (gloire suprême) critiqué dans notre blog, car notre niveau d’exigence est très élevé !! En tout cas, nous lui souhaitons tout le succès possible ! Concernant ta remarque sur les jeux longs avec des symboles OTAN, évidement, nous ne serons pas très d’accord sur ce blog, mais bon, comme nous sommes magnanimes, nous ne t’en voudrons pas !

      • François
        juin 30, 2015

        Merci !!!! … à la fois pour les compliments, pour ta magnanimité et celle des autres membres… Il est clair que je prends le risque de ne pas être très sympa aux yeux des wagamers purs et durs avec mes allergies… mais ca doit pouvoir se soigner 😉 Je suis aussi wagamer mais surement pas aussi acharné que la communauté ici présente.
        Je ne pense pas que mon jeu Ages of Mens trouve sa place sur ce blog… qui est réservé aux « vrais » wargames. AOM est plus un jeu amusant et semi grand public qu’une simulation poilue. Faudra attendre la commercialisation des mes séries « Armored Squads » et « Great Little » pour, peut être avoir le plaisir d’être chroniqué sur ton blog… sait on jamais 🙂
        Ou peut être mon jeu « Rise and fall of the third Reich » qui marche bien mais qui véhicule une certaine gêne chez mon éditeur… l’idée de jouer l’Allemagne Nazie en coopératif lui pose problème… Pourtant le jeu n’aborde que les aspects économiques, technologiques, logistiques et militaires… Mais bon je comprends que le thème soit assez sensible. http://fbgames.over-blog.com/2013/05/das-reich.html

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Cette entrée a été publiée le juin 10, 2015 par dans MMP, Seconde Guerre Mondiale.
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