STRATEGEEK

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Invasion 1066 – The Battle of Hastings (Revolution Games)

HASTINGS En jetant un œil sur le site d’Agorajeux, que j’aime à fréquenter pour voir les nouveautés qu’il propose (non, non, je ne lui fais pas de pub…), j’ai vu ce jeu qui m’était jusqu’alors totalement inconnu : Invasion 1066 – the Battle of Hastings. Le Moyen-Age, voilà une époque peu couverte par nos jeux préférés. C’est pourtant une période brutale à souhait, pleine de bruit et de fureur (comme le disait un barde de mes amis), et qui devrait ravir nos âmes de poètes… Du coup, je me suis intéressé à cet étrange animal ludique, et le résultat m’a paru suffisamment convainquant pour vous en faire part.

Il me semble totalement inutile de rappeler le contexte. Tout le monde sait en effet qu’en 1066, Guillaume le Bâtard est duc de Normandie. Cet affreux jojo est avide de conquêtes, et il ira souvent embêter ses voisins bretons qui pourtant ne lui avaient rien fait, et c’était vraiment pas juste… Il aurait peut-être réussi à réaliser ses plans machiavéliques si un vaillant village, peuplé d’irréductibles guerriers, ne s’était pas dressé sur son chemin. La tête basse et la queue entre les jambes (enfin, je suppose…), le bougre rentra chez lui, admiratif de l’esprit indomptable des Bretons (enfin, je suppose…).

Et lorsque Edouard le Confesseur, roi d’Angleterre, lui promit en 1051 ou 1052 d’en faire son successeur, Guillaume comprit que cette solution était bien la plus simple pour agrandir ses domaines. Et voilà-t-y pas qu’en janvier 1066, Edouard le Confesseur casse enfin sa pipe (après s’être confessé, j’espère……………………………………. Excusez-moi pour cette pause, j’étais absolument tordu de rire après ma vanne hilarante………………. Trop drôle…). Guigui s’empresse donc de faire valoir ce que le roi lui a promis. Hélas, cette vieille bique de Confesseur avait fait la même promesse à plein d’autres voyous, dont un certain Harold Godwinson, qui s’empare de la couronne du défunt roi, et la pose sur sa tête.

Evidemment, Guigui ne l’entend point de cette oreille, et rassemble une armée pour aller discuter en toute amitié avec Harold. Il recrute bien sûr plusieurs des fiers et invincibles Bretons qui l’avaient bouté quelques années auparavant, ainsi que quelques milliers d’autres brutes moins avenantes. Tout ce beau monde (sic !) débarque en Angleterre le 28 septembre 1066, près d’un lieu nommé Hastings. Et là, se tient l’armée de l’innommable imposteur Harold. Alors que Guillaume venait juste pour prendre le thé et discuter, l’affreux Saxon ne cherche lui que la guerre, quelle pitié… C’est fort bien : il veut sa bataille, il l’aura !

Tiens, tu veux sûrement savoir à quoi ressemble le champ de bataille, non ? Ben, regarde, c’est cadeau pour toi :

 

pic1986938_md[1]

 

Et comme on est tout près de Hastings, eh bien cette bataille s’appellera la Bataille de Hastings (en tout cas, on peut imaginer qu’il y a un lien…) ! Ah, j’entends une cacophonie pas possible… Eh oui, ce sont bien eux, les Normands (et les Bretons !) approchent, et se mettent ligne pour la baston. Ce qui donne à peu près ceci :

 

Photo 20140519003048[3]

 

C’est exactement ici que le jeu commence. Les deux armées sont en place, avides d’en découdre pour régler dans un magnifique bain de sang le léger différent qui les oppose… les Normands (et les Bretons !) sont en bleu, les Bifs en vert caca. Notons que les Bifs sont sur une colline (Senlac Hill) et qu’ils ont leur flancs protégés par du terrain marécageux. Passer par là sera impossible pour les Normo-Bretons (que par esprit de simplification j’appellerai désormais les Bretons – et si vous avez quelque chose à redire, vous avez qu’à en parler à BugDany !! De toute façon, ça sert à rien, c’est un copain…).

Les Bretons, disais-je donc avant d’entendre quelques récriminations comme quoi cet article n’aurait plus rien d’historique, devront donc finasser et réfléchir longuement avant de foncer tout droit (mais intelligemment) !! C’est pas grave, de toute façon on est au moyen-âge, et je doute que même avec une belle plaine sur leurs flancs, les Normands auraient eu plus d’inspiration. Il leur aurait fallu pour cela un stratège Breton… Quoi, comment ça, je m’emmêle les pinceaux ?? Silence dans les rangs !! Voilà, les choses sérieuses peuvent (enfin, je l’admets) commencer.

Alors, que trouve-t-on d’intéressant dans cette simulation. Eh bien, pas mal de choses, Simone… Je vous apprendrai d’abord, très doctement, que l’échelle du jeu est de 50 mètres par hex et que les pions, au nombre de 140, représentent des unités de 100 à 250 hommes. Allez, pour toi, gros plan sur les pions…

 

Photo 20140519003048[1]

 

On peut voir des archers parmi ces pions. Ils sont assez intéressants. Lorsqu’ils tirent, ils touchent sur un 6, mais sur un 1 ou 2, ils tombent à court de flèches et sont placés dans une case spécifique, qu’ils pourront quitter pour réintégrer la partie s’ils se réapprovisionnent en projectiles. Ils ne durent donc pas longtemps, d’autant plus qu’ils ne peuvent pas combattre en corps à corps, le designer ayant précisé qu’un tel emploi n’aurait pas été historique (et je me permets au passage de signaler qu’un jeu qui aurait eu l’effronterie de permettre un tel contre-emploi, n’aurait jamais été examiné dans un blog aussi sérieux que le nôtre, et n’aurait pas reçu l’aval nécessaire pour coller le fameux sticker « Strategeek Approved » sur sa boîte !!).

Les combats se déroulent unité contre unité, pour éviter la recherche du ratio qui tue (elle est bonne, celle-là !), et le combat est résolu grâce au différentiel de combat entre les pions, ce différentiel accordant un bonus qui sera appliqué au jet de dé… Je vois que Maxime, devant son écran, n’a rien compris, je vais donc expliquer : si mon unité a un facteur de 4 et celle de Maxime un facteur de 1, la différence entre ces 2 facteurs (ici, 3) sera ajouté au jet de dé. Tu vois Maxime, c’était pas compliqué… Les troupes ont toutes un « facing », elles doivent être orientées précisément, et ont donc 2 hexes « avant », 2 hexes « arrière » et 2 hexes « flancs ». Pour ceux qui ne me croient pas, j’ai la preuve :

 

Photo 20140519003048[2]

 

Voilà bien un système dont je ne raffole pas… Mais comme je vois que tout le monde se fout de mon avis, je continue… Les unités qui tapent leurs voisins par derrière ou de côté ont un bonus de +2 lors des combats (cf. ci-dessous)… hum, pas négligeable… Une bonne continuité dans la ligne s’impose donc. Les résultats des tirs ou des corps-à-corps peuvent éliminer ou désorganiser les troupes, qui se voient dans ce cas affublées d’un marqueur pour signifier leur nouvel état. Les généraux (Harold, Guigui et divers autres barons) apportent un bonus de +1 au dé, mais leur participation n’est pas sans risque. Après le combat, on lance pour chaque chef, et sur un résultat de « 1, » ils sont éliminés. Cette règle est assez embêtante concernant Harold et Guillaume, puisque leur mort marque la fin du jeu, et la victoire de l’abominable assassin… Notons aussi que l’élimination des troupes est directe : pas d’étape intermédiaire. On est vivant ou on est mort, point barre. Certes, il existe quand même l’état « Désorganisé » qui affaiblit les troupes sans les éliminer. Mais si un combat se passe mal, une unité intacte peut passer de vie à trépas en un jet de dé. C’est brutal, mais bon, on est au moyen-âge…

Les terrains apportent aussi des modificateurs, en particulier la colline de Senlac, sur laquelle se sont retranchés les lâches Bifs, qui profitent ainsi d’un bonus de +1. Martelez les premiers, Messieurs les Saxons…

Le moral, bien qu’absent des pions, joue un rôle important. Les armées sont divisées en différents corps. Les Saxons en ont 2, les Fyrd (une levée de troupes plutôt faibles) et les redoutables Housecarls. Les Bretons (yerk, yerk !!) ont 3 corps : les Bretons (OUAIS !!) et les autres (divisés en Normands et Franco-flamands). Quand une unité est détruite, les autres unités adjacentes à l’unité détruite doivent lancer un dé, au résultat duquel on ajoute le nombre de troupes déjà perdues par ce corps. Si le résultat est supérieur ou égal au niveau de moral du corps (par exemple, « 7 » pour les Franco-flamands), l’unité pour laquelle on lançait déroute. Les unités désordonnées ou en déroute peuvent se reprendre, à condition de ne pas se trouver dans une ZOC, et, pour les fuyards, d’être empilées avec un chef. Cette règle impose bien sûr aux joueurs de retirer de la première ligne les unités désordonnées (bien plus faibles au combat, et qui ne peuvent plus attaquer, d’ailleurs) et de les remplacer par des réserves, souvent de moins bonne qualité … Dilemme… Il est bon aussi de placer des chefs en arrière, pour aider les troupes démoralisées à se reprendre… Tiens ? Un petit air de Squad Leader que j’aime bien…

Bon, voilà, je ne vais pas décrire les règles plus avant, vous voyez assez bien, je pense, comment le jeu est fait. J’ajouterai juste que l’on trouve des règles pour la bannière Papale (qui permet un double jet en combat), pour l’évêque Odon (demi-frère du Conquérant, qui aimait octroyer l’Extrême-Onction à grands coups de masse), pour les attaques feintes par l’armée bretonne (oui, bon, normande…) pour faire sortir les Saxons de leurs positions, pour l’impétuosité de ces mêmes Saxons, pour les charges de cavalerie… De quoi faire, donc.

Ce jeu mérite visiblement l’attention des amateurs de moyen-âge, souvent frustrés de leur époque favorite. Il devrait aussi attirer ceux qui recherchent quelque chose de simple. Les règles de la série (un autre jeu devrait suivre, sur la bataille de Stamford Bridge) sont courtes, 4 pages seulement. Et tout le monde devrait pouvoir s’amuser…

 

Allez, à +

Uphilit

 

Le lien chez l’éditeur ainsi que sur BoardGameGeek.

7 commentaires sur “Invasion 1066 – The Battle of Hastings (Revolution Games)

  1. Ben moi
    mai 5, 2015

    C’EST UN SCANDALE !!! Pour plusieurs raison. Premièrement : Il faut écrire Guillaume le Conquérant et pas le B….d
    Deuxièmement : Il est hors de question de simplifier l’armée NORMO-bretonne en Bretons. Il faut simplement écrire « les gentils NORMANDS »
    Troisièmement : BugDany est mon frangin. En plus, je suis son GRAND frère. C’est donc plus fort de copain. Donc, c’est moi qui ait raison.
    Point final.
    Signé : un NORMAND DE CAEN

  2. bugdany
    mai 5, 2015

    Je propose de lancer un débat sur le Mont St. Michel…

    • uphilit
      mai 5, 2015

      Alors ça, c’est fort de chouchen !! Je m’évertue à rendre et décrire les faits historiques dans une parfaite neutralité, et avec une ouverture d’esprit que j’admire et qui m’honore (c’est trop bon de s’envoyer quelques fleurs…), et voilà que l’on me lance des propos incendiaires ? Qu’est-ce à dire ? Que fait BugDany ? C’est lui le coupable, d’abord ! Et toc ! (oui, je sais, je n’ai rien démontré, pas grave).

  3. ruetschm
    mai 8, 2015

    Bon système, en effet, pour un rendu tout aussi bien (mieux ?) que Men of Iron (GMT)

    • uphilit
      mai 10, 2015

      Bonne question. Un petit article sur Men of Iron serait intéressant pour comparer… Ruestchm, as-tu besoin de quelqu’un pour t’aider à rédiger la chose, ou vas-tu y arriver seul ? 🙂

  4. Fatmax66
    mai 15, 2015

    Outre le fait de bien rire, tu me fais découvrit ce jeu qui ma foi est assez appétissant. Merci.

    • uphilit
      mai 17, 2015

      Merci Fatmax66 ! Je vais illico t’ajouter à ma liste d’amis sur Facebook, et je te raconterai en détail mes prochaines vacances à Angoulême avec ma copine Clitorine. Non, non, inutile de me remercier. En fait même, comme tu m’as l’air particulièrement sympathique, je t’invite dès maintenant à lire le menu de ce que j’ai commandé au resto ce midi. Petit veinard…

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Cette entrée a été publiée le mai 5, 2015 par dans Moyen-Age.
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