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Le blog sur l'actualité du wargame sur table

Pendragon – The Fall of Roman Britain

 

Si comme moi vous avez passé un sacré paquet d’heures à lire les textes de Chrétien de Troyes et les romans de la Table Ronde, ou à jouer des nuits entières au jeu de rôles Pendragon de Chaosium, alors vous serez très heureux d’apprendre que GMT tient au chaud dans son programme P500 un jeu dont le titre va vous faire tourner la tête : Pendragon, the Fall of Roman Britain.

 

Il s’agit d’un nouvel opus dans la série COIN. Celui-ci est l’œuvre d’un certain Marc Gouyon-Rety. Bon, faut admettre que ce nom n’est pas très vendeur, car je ne connais aucun autre jeu de ce designer. Il est quand même épaulé par Volko Ruhnke, un gars qui a un passé plus qu’intéressant chez GMT. De toute façon, illustre inconnu ou pas, moi je vais dépenser mes brouzoufs sur le jeu de mister Gouyon-Rety, c’est sûr !

 

Mais excès de gourmandise ne nuisant pas, jetons un œil sur ce produit…

D’abord, comme je disais, c’est un COIN, c’est-à-dire un croisement entre wargame et jeu de plateau, et d’après mon unique expérience en la matière (avec Andean Abyss), le gêne plateau est quand même dominant. Sans avoir trouvé Andean Abyss raté, il ne m’avait pas non plus donné franchement envie d’y retourner. Le jeu demande à mon sens un gros investissement de temps avant d’être maîtrisé, et le thème ne m’intéressant pas spécialement (voire pas du tout), je n’avais pas envie d’y consacrer mon peu de temps disponible pour les wargames ou les warteaux.

 

Mais Pendragon, évidemment, c’est une autre chanson (de geste, ah ah ah)… Revivre les invasions saxonnes, la chute de l’empire romain, l’épopée arthurienne… ça, ça me botte ! Ca me rappelle d’ailleurs le jeu d’Avalon Hill Britannia, autre jeu de plateau absolument génial, dont j’ai fait moult parties en mes jeunes années (malgré des parties de l’ordre de 8 heures !).

Ce Pendragon succédera-t-il dignement à cet émérite ancêtre ? Pour le savoir, venons-en au cœur de cet article !

 

« En ces temps, tous les membres de l’assemblée, y compris le tyran bouffi de fierté, étaient aveugles ; et c’est ainsi qu’à la recherche d’un protecteur pour le pays, ils en vinrent à appeler les sauvages Saxons, dont le nom est maudit et détesté de Dieu et des hommes. Ils furent admis dans l’île, comme des loups dans la bergerie, pour aider à vaincre les peuplades du nord. Nulle décision ne fut plus terrible, rien de plus douloureux ne pouvait arriver à notre terre que cela… »

Gildas ‘De Excidio Britanniae, Part 1-23’

 

Voilà les paroles du moine Gildas qui vécut au 6ème siècle. Il raconte dans son récit la chute de l’empire, et les débuts de ce qui allait devenir les nations galloises, écossaises, anglaises, irlandaises et… bretonnes (OUAIS !!)! Une époque mal connue que le jeu de GMT va nous permettre de mieux découvrir !

 

Pendragon – The Fall of Roman Britain couvre la période du 4ème au 5ème siècle, depuis les premiers raids barbares jusqu’à l’établissement de divers royaumes, et va simuler le gros souk politique, religieux, militaire et économique du Moyen-Age profond et obscur.

 

PendragonPTMapv045

Oooh, c’est bôôôô… (en fait, un peu caca les couleurs sur cette illustration, mais bon, voyez plus bas…)

 

Tout le monde va donc se battre pour la carcasse de l’empire romain agonisant. Alors qui va-t-on retrouver pour manier le fer et le goupillon ?

 

Ben d’abord, le Dux, qui représente l’armée romaine. Celle-ci possède encore les unités les plus puissantes du jeu. Le joueur contrôle aussi une série de forteresses reliées par un efficace réseau de routes. Le Dux devra chercher à préserver la stabilité et la prospérité de ses provinces. S’il parvient à maintenir l’ordre sur ses terres, il pourrait bien créer un empire post-romain. Néanmoins, ses puissantes unités ne sont pas remplaçables, et il ne lui restera tôt ou tard qu’à compter sur la milice. A moins qu’il n’engage des barbares dans ses troupes… mais en échange de terres ! Ce qui devrait signifier la fin du magnifique rêve d’empire. Auquel cas, le Dux peut quand même gagner s’il parvient à se tailler un royaume plus puissant que ceux de ses concurrents…

 

…Parmi lesquels on trouve les Civitates. Il s’agit de l’aristocratie brito-romaine, qui renâcle devant l’autorité et les impôts romains, mais qui n’aime guère non plus les voisins barbares. Alors que faire ? S’adjoindre les services de l’armée pour préserver les avantages actuels, ou sacrifier la culture romaine pour retourner aux traditions celtiques ? A moins que son contrôle de la milice ne suffise à résoudre la question. Cruel dilemme…

 

Ah tiens, quand on parle des barbares, on en voit la queue… hum, oui, bon… Bref, voilà les Saxons. Ils représentent toutes les tribus germaniques qui sont venues se servir un bout de gras dans la pauvre île pas-encore-british. Il va d’abord leur falloir mettre un pied sur l’île, ce qui ne va pas être simple face aux Romains. Une fois débarqués, il faudra joyeusement piller tout ce qui respire, et qui ne va pas manquer de se défendre, les sinistres crétins ! Tout ça pour s’installer, et faire de cette terre accueillante, la leur !
Et comme si il n’y avait pas assez de ces barbares débarquant au sud, le quatrième joueur prendra le rôle des barbares déferlant du nord. Eh oui, je parle bien des affreux Scots peints en bleu. Les Scots représentent ici toutes les tribus irlandaises (…enfin Celtes… enfin Gaéliques… enfin bref…) et écossaises (… enfin pictes…). Eux sont déjà bien installés sur leurs terres. Leurs points de victoire viendront plutôt des pillages, de la guerre, des massacres, des viols, des rançons…. Enfin bref, toutes choses bonnes à faire au 5ème siècle.

 

Bon, les rôles semblent assez distincts, les joueurs vont avoir de vraies raisons de discuter, de s’allier, se trahir, de s’aimer, de se détester, etc… un truc que je n’ai pas vraiment ressenti dans Andean Abyss, par exemple. Jusque là, tout ça me va très bien.

 

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(Aaaahh, voilà, là les couleurs sont mieux !)

 

Et comment cela fonctionne-t-il donc, hum ?

Le jeu démarre sur un empire romain (avec ses associés brito-romains) encore puissant, et sans aucun pion barbare en jeu. Le système défensif est bien en place, avec une flotte romaine qui couvre les côtes, et une puissante cavalerie qui va faire beaucoup de mal aux visiteurs barbares qui essaient de rentrer chez eux avec quelques souvenirs de l’artisanat local… enfin, hum, des drakkars entiers chargés de souvenirs, achetés à crédit en plus, en promettant de revenir payer plus tard (à l’aide de bon acier bien tranchant…). Le joueur Civitates participe aussi à l’effort de défense. Il contrôle des forts, des villes et la milice. Son objectif est de retarder la montée en puissance des affreux SS (Saxons et Scots, ne vous méprenez pas !), tout en s’empiffrant le plus possible des richesses de l’île.

Le jeu démarre donc sur une alliance de fait : les horribles barbares aux cheveux longs et gras contre nos ancêtres les romains et leurs alliés sur place.

Les barbares viennent donc pour se servir. Leurs actions ont des conséquences directes sur l’économie locale, qui peut descendre de Rich à Poor et enfin Ruined. C’est évidemment exactement ce qu’essayent de prévenir les B-R (Brito-Romains, of course). Quand ils ont fini leurs achats à crédit, les SS doivent rentrer chez eux avec le butin. C’est ce butin qui permet d’accumuler des points de Renommée, nécessaires à la victoire. Hélas, ces même points de renommée servent aussi de ressources qui permettent, quand on les dépense, de recruter des guerriers pour de nouveaux raids !! Ah, ce petit système est bien vicelard !! Car évidemment, pas moyen de savoir combien de guerriers seront éliminés par la flotte romaine (sans donc pouvoir participer aux pillages), ni savoir combien seront ensuite éliminés par la cavalerie romaine, et ne pourront donc pas rentrer avec le futur butin… Comme quoi, organiser un raid peut rapporter gros, mais c’est aussi un investissement risqué…

Les SS ont leurs terrains de prédilection. Le Saxon aime ravager les campagnes dans lesquelles il se sent à l’aise, alors que le Scot pille plutôt les zones montagneuses où il se sent en terrain conquis (ce qui est trop souvent le cas, hélas…).

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Divers événements peuvent être joués, qui vont bien embêter les joueurs ciblés. Ainsi, l’événement « Roman Fleet Neglected » diminue l’efficacité de la défense côtière romaine, tandis que « Celtic Foederati settled in Gwynedd » permet de recruter des barbares qui viennent donner un coup de main aux troupes B-R, et maints autres, évidemment…

 

Lutter contre les hordes barbares, c’est bien beau, et les B-R sont contents ! Malheureusement, cela a un coût financier. Et qui va payer ? Le Dux ou le Civitates ? Le Civitates aimerait conserver son pactole, vu que c’est une condition de victoire pour lui, mais le Dux n’a sans doute pas très envie de voir son allié rester les bras croisés sur sa panse de planqué, pendant que lui fait tout le boulot. Car il n’y a au final qu’un seul vainqueur. Et la même chose est vraie pour les barbares, qui peuvent s’entendre sur un magnifique programme de destructions, mais qui finiront par se regarder en chien de faïence au moment de déterminer le winner. J’imagine déjà les têtes des joueurs quand ils se feront doubler et rouler dans la farine par le lascar qui leur sert de soi-disant allié…

Le jeu offre visiblement pas mal de réflexions et de coups tordus. Ainsi, si le Civitates recrute des mercenaires barbares, ceux-ci vont demander paiement ou vont retourner à leurs petites affaires habituelles. Et pour ceux qui n’auraient toujours pas compris – oui, je pense à toi Maxime – cela signifie : Pillage !! Il peut aussi payer, bien sûr, mais dans ce cas, les mercenaires s’installent sur ses terres… pas vraiment mieux… Il peut également décider qu’il est temps que la Bretagne vole enfin de ses propres ailes, et jouer un Evénement (« British Communities Expel Roman Magistrates ») qui le libérera des impôts romains… Mais ceci revient de fait à se couper davantage du Dux, qui pourra dès lors jouer d’autres événements lui permettant de se tailler son mini-empire rien qu’à lui…

Sans compter, évidemment, que ne plus payer d’impôts va réduire les possibilités d’action du Dux, et donc ses points de victoire, ce qui est bon pour le Civitates. Mais que si le Dux ne peut plus lutter contre les barbares, ceux-ci vont s’empiffrer et ravager les terres du Civitates qui ne peut véritablement se défendre sans l’aide de l’armée. Donc son économie va souffrir (Rich, puis Poor et enfin Ruined, vous vous souvenez ?) et les recettes seront moindres…

Pufff, que de possibilités, car tout le reste semble à l’avenant…

 

Closeup2

 

Je n’en dirai pas plus, je suis tout à fait certain de vous avoir harponnés, et je sais que vous êtes déjà en train d’ouvrir la page P500 de GMT.

Il faut hélas que je vous laisse, car je fonce moi aussi chez GMT…

Ah si, quand même, une dernière chose : dans la boîte vous trouverez ceci :

 

1 (magnifique) carte à zones

1 paquet de 83 cartes

Les règles pour jouer en solitaire, ou à 2, 3 et 4 joueurs, avec un scenario court, un moyen et un long.

Plein de cubes de différentes formes et couleurs.

 

Allez, à +

Uphilit

 

 

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Information

Cette entrée a été publiée le mars 10, 2016 par dans COIN Series, GMT Games, Moyen-Age.
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