Parlons un peu littérature. Nous laisserons de côté Platon, Goethe ou Shakespeare pour une prochaine fois (??), et aborderons un sujet qui nous intéresse plus sur ce blog : les jeux de simulation.
J’ai donc acheté un bouquin intitulé « Jouer la Guerre, histoire du wargame », paru chez Passés Composés. L’auteur, Antoine Bourguilleau, revient sur l’apparition, le développement, l’utilisation et l’intérêt des jeux de simulation.
J’ai trouvé le livre très bon. Je craignais un peu que l’étroitesse du sujet ne produise une œuvre à l’intérêt tout aussi étroit, et réservé à des historiens pointus. Que nenni ! Quiconque intéressé par l’histoire, certes, mais aussi par les jeux, y trouvera son bonheur. Le style est très agréable, et l’écriture est claire. Antoine Bourguilleau remonte à la création des Kriegspiels (tiens, c’est marrant, les Prussiens ont été les premiers à se soucier de simuler la guerre…) et expose les différentes écoles nationales. Car oui, assez rapidement, tous les pays se sont penchés sur cette question.
On y découvre les limites du wargame. Les exemples abondent, qui prouvent l’aveuglement des militaires (c’est ainsi que le général Galliéni avait organisé, en mars 1914, une partie qui démontrait les risques d’une invasion allemande qui passerait par la Belgique, sans bien sûr que l’état-major n’en tienne compte…).
On y voit aussi bien sûr les avantages de telles simulations. Antoine Bourguilleau cite ainsi l’amiral Nimitz, qui explique que grâce à de nombreuses parties simulant un conflit avec le Japon, rien de ce qui s’est passé dans le Pacifique n’a véritablement surpris les Américains (excepté les kamikazes), et que ces parties leur avaient permis d’affiner leur stratégie (emploi décisif des porte-avions, stratégie des sauts de puce…)
L’auteur montre ainsi la pertinence des jeux de simulation, qui permettent non seulement de reproduire l’histoire, mais nous informent aussi de ce qui aurait pu se passer. Comme il le dit très bien, ces jeux permettent « d’accéder à la connaissance, mais aussi d’en produire. »
Un livre à mon avis un peu plus orienté vers l’historien que le joueur, mais réellement captivant.
Nous en recommandons totalement la lecture aux wargameurs !
Allez, à +.
uphilit